L’histoire de Robert, ma découverte du handicap mental

On m’a souvent demandé comment j’en suis arrivé à me spécialiser dans la photo inclusive, et plus particulièrement tout ce qui concerne le handicap mental. En effet, photographe depuis plusieurs années pour l’AEIM-Adapei54 et l’Unapei, j’interviens souvent sur les assemblées générales, les congrès mais aussi dans les différentes structures qui accueillent des personnes ayant un handicap mental. Parmi ces différentes structure je citerai par exemple les foyer d’hébergement, les foyers occupationnels, les foyers d’accueil médicalisé (FAM) mais aussi les instituts médico-éducatif (IME), les maisons d’accueil spécialisées (MAS) ou encore les établissement et service d’aide par le travail (ESAT).

Photo de reportage sur le Handicap - Social -Aide a la personne

Le rôle du hasard dans ma découverte du handicap mental

Pour commencer, et pour être tout à fait franc, je n’avais pas de vocation particulière vis à vis du handicap mental au début. Je suis plutôt tombé dedans par hasard. Bien qu’ayant toujours été attiré par le social et la relation aux autres, j’avais – comme malheureusement beaucoup de personnes – une grande appréhension par rapport aux personnes déficientes intellectuelles.

Mon appréhension du handicap mental

Voici comment j’ai découvert ce qu’était le handicap mental. Faisant régulièrement des colonies de vacances en tant qu’animateur, un ami m’a un jour demandé de le dépanner en tant qu’accompagnateur sur un séjour adapté dont il était responsable. Ma curiosité l’a alors emporté sur mon appréhension.

« J’t’aime bien toi, t’es un bon. »

Je me souviendrai toujours de Robert, une des personnes accueillies d’une quarantaine d’année, avec une tête énorme, un gros nez rouge qui trônait au milieu de son visage comme une grosse patate et des yeux gris qui semblaient regarder de travers.

Du moins c’est comme ça que je le voyais au moment de la rencontre. Au moment de me présenter à l’ensemble du groupe, Robert s’avança vers moi et me fit : « T’as d’beaux yeux ! On s’embrasse ? » et il s’avança vers moi le regard plein de malice et la bouche en cul de poule.

Je ne sais pas pourquoi mais ça m’a immédiatement décoincé. J’ai senti le bluff et j’ai rétorqué : « Bah oui ! Sur la bouche ?». Il s’est alors arrêté, s’est mis à rire et m’a dit : « J’t’aime bien toi, t’es un bon. ».

Je le trouvai beau avec son handicap

Dorénavant je vis Robert, une tête ronde avec des joues colorées et marqué par la vie. Je le trouvai beau. Non malgré son handicap, mais bien avec son handicap.

Pour tout dire, c’est lui qui m’a donné envie de m’intéresser aux personnes déficientes intellectuelles. En effet il m’a fait comprendre que la beauté n’était pas figée dans des préceptes prédéfinis. C’est avant tout la relation que l’on entretient avec l’autre qui fait surgir la vrai beauté d’une personne. Car comme le disait si bien Oscar Wilde : « La beauté est dans les yeux de celui qui regarde ».

Et sur ce point-là ce sont les personnes déficientes intellectuelles qui ont les plus grands trésors à partager. Il faut juste se donner la peine de les découvrir.

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Un photographe diplômé AMP

Depuis, j’ai fait de nombreux autres séjours adaptés. Je les ai même emmenés en Mongolie et en Afrique du Sud, mais ça c’est une autre histoire… Entretemps j’ai validé mon diplôme d’état d’AMP (aide médico-psychologique) et j’ai travaillé pendant huit ans dans un FO-FAM (foyer occupationnel et foyer d’accueil médicalisé) à Toul avant de me mettre à mon compte en tant que photographe professionnel.

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2 réponses

  1. Il a raison Robert, tu es un bon… La bonté se voit à travers tes yeux et tes photos. Tu es une belle personne, tes photos s’en ressentent. Merci pour qui tu es. Merci pour eux de les montrer beaux avec leur handicap.

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